Abbé Jean-Robert Allaz , à la basilique Notre-Dame à Lausanne, le 12 avril 2009 Lectures bibliques : Actes 10, 34-43; Colossiens 3, 1-4; Jean 20, 1-9 – Année B |
Mes frères, mes sœurs et mes amis,
ici à la Basilique et par la radio,
à la maison, à l’hôpital, dans un home, en prison, sur la route,
Quels événements vécus depuis une semaine pour arriver au matin de Pâques ! Dimanche dernier, nous avons partagé l’exubérance de la foule accueillant Jésus avec force palmes et rameaux aux portes de Jérusalem ; Jeudi Saint, nous avons été les invités privilégiés à la Sainte Cène, où Il nous a offert son Corps et son Sang, Sacrifice de la Nouvelle Alliance ; dans la soirée, nous avons assisté avec effroi à son agonie et son arrestation ; nous avons suivi, dans la nuit, le jugement faussé et injuste d’un homme tout de bonté, de miséricorde et d’amour ; nous avons regardé avec stupeur sa crucifixion et contemplé toute l’horreur du sacrifice de la croix, pour le salut de l’humanité, de nous tous encore aujourd’hui !
Et le voilà subitement vivant, ressuscité, vainqueur de la mort et du mal ! On peut comprendre aisément la difficulté des apôtres à le croire et le reconnaître. Il faudra des preuves matérielles : le tombeau vide et le linceul plié, des signes évidents de reconnaissance à l’appel de chacun par son nom, comme auparavant lorsqu’il cheminait avec eux à travers le pays enseignant et accomplissant des miracles. |
Il y a un peu de tout cela au matin de Pâques. Incroyable mais vrai ! ça n’existe pas que dans les films ou les émissions mystères télévisées ! Passer de la mort à la vie, le miracle dans sa dimension extrême.
Marie-Madeleine, Pierre et l’autre disciple – Jean – nous surprennent ce matin de Pâques, par le témoignage de leur foi d’abord, mais ensuite en interpellant la nôtre. Dans le Credo, nous proclamons avec force conviction notre foi en la r ésurrection de la chair et en la vie éternelle… C’est vite dit, prié ou chanté ! En sommes-nous toujours si convaincus ? Et d’accord d’en témoigner ? y compris au milieu des incroyants ?
Si nous envoyons des enfants ou des ados du catéchisme faire un sondage sur les f êtes chrétiennes, dans la rue, à la porte des commerces, avec le souci de savoir quelle est la plus grande, la réponse sera inévitablement Noël ! Grande f ête, certes, mais célébrée dès la fin du IIIème siècle seulement, à la conversion de l’Empire romain au christianisme.
Pour les chrétiens, Pâques reste la première Fête car la foi des premiers chrétiens, avec les apôtres, était ancrée dans l’annonce que Jésus était passé de la mort à la Vie, et que la Vie serait toujours plus forte que la mort. La Pâque Juive, fêtant la libération de l’Egypte du peuple d’Israël, devient pour les chrétiens le passage de la mort au péché à la Vie éternelle. Les apôtres s’en porteront garants, jusqu’à l’acceptation du martyr ; ils seront témoins de cette Nouvelle, dont Dieu seul peut être l’initiateur.
« Si le Christ n’était pas mort et ressuscité, notre foi serait vaine. » proclame saint Paul. Cet apôtre gagne à être connu, tout au long de cette année qui lui est dédiée et qui nous permet de mieux le découvrir, le suivre, le comprendre et l’aimer ! Quel encouragement dans sa lettre aux Colossiens : « Vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez donc les réalités d’En Haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. » Nous sommes, dès lors, confortés dans notre foi d’être sauvés, dans la certitude que le Christ n’est pas mort inutilement sur la croix un Vendredi Saint, que tout croyant vit dans la perspective du Royaume des cieux : « Vos noms sont inscrits dans les cieux… » Quel plus bel encouragement trouverons-nous dans notre chemin de foi, d’espérance et d’amour ?
La fête de Pâques arrange et dérange. Elle est au premier abord synonyme de détente, de congé, de festivités, de convivialité si rare et si précieuse pourtant ; elle fait peut-être le bonheur des commerçants de lapins et d’œufs en chocolat, mais pas nécessairement celui de tous ceux et celles qui sont à la tâche, au service des autres. Et dans bien d’autres domaines ! Ainsi va notre monde !
Cette f ête bouscule le croyant dans les retranchements de ses convictions, car elle l’invite, à la suite des apôtres, à témoigner de ce miracle, à dire que c’est vrai que la Vie aura toujours le dernier mot. Comprenez-vous alors, pourquoi notre Eglise catholique aime tant la vie, qu’elle appelle à son respect de la conception au passage par la mort ?
La Résurrection de Jésus, c’est une histoire de famille : celle de Dieu et celle des hommes, elle nous concerne tous, saurons-nous en témoigner ?