Abbé Grégor Tolusso, à l’église de la Trinité, Berne, le 10 janvier 2010
Lectures bibliques : Isaïe 40, 1-11; Tite 2,11-14.3,4-7; Luc 3,15-22 – Année C
Par le baptême, Dieu nous dit oui.
1. Jean baptise les gens et appelle à la conversion
2. Jésus se laisse baptiser pour notre rédemption
3. Par des signes concrets nous pouvons toujours à nouveau expérimenter la présence de Dieu
Nous le savons : sans eau, il n’y a pas de vie sur terre. Mais trop d’eau peut mettre notre vie en danger.
Le baptême avec de l’eau nous conduit d’une vie menacée à la sécurité et au Salut.
C’est le sens du baptême de Jean dans l’eau du Jourdain. Il appelle avec des paroles pressantes à la conversion : nous devons changer notre vie si nous voulons être sauvés !
L’immersion dans l’eau représente la mort, la sortie, la naissance d’un nouvel homme. Nous avons cette scène peinte dans la nef de notre église.
Jésus se met dans la file de ceux qui reçoivent le baptême de pénitence, après quoi il commence sa vie publique comme enseignant, prédicateur, guérisseur et faiseur de miracles.
Jésus proclame qu’une vie est possible pour tous ; que l’anéantissement et la mort n’ont pas le dernier mot, mais qu’une vie vraie, qui en vaut la peine, qui est bien remplie, peut commencer aujourd’hui et sera pleinement accomplie dans le royaume de Dieu.
Avec la fête du baptême de Jésus, que nous célébrons aujourd’hui, se relient deux pôles :
1. le temps de Noël et le temps ordinaire,
2. la fête et le quotidien
3. le particulier avec le normal
4. la stimulation et la routine
5. le divin et l’humain
6. le céleste et le terrestre
7. l’au-delà et la vie ici-bas.
De ce point de vue, il suffit de contempler les nouvelles peintures dans notre église : le bleu ne représente pas seulement l’eau, mais aussi l’Esprit Saint. Et c’est parce que Marie a dit oui sous l’effet de l’Esprit Saint, qu’elle est souvent représentée avec un manteau bleu. La robe dessous est normalement rouge, signe de son humanité. Ainsi la couleur de fonds de la paroi dans l’abside de Marie est rouge pour le terrestre et est vernie en bleu pour le divin.
Dans l’abside du tabernacle, le jeu de couleur est inversé : la couleur de fonds de la paroi est le bleu divin verni de rouge. J’interprète ainsi : Dieu est préexistent et vient par amour pour nous, incarné en Jésus Christ : c’est ce que nous avons fêté à Noël.
Le Fils de Dieu donne sa vie pour nous les hommes et il est présent parmi nous dans le pain béni que nous gardons dans le tabernacle. C’est bien cela dont nous faisons mémoire le vendredi saint et à chaque eucharistie.
Le jaune festif du chœur illumine tel le triomphe de la résurrection sur l’obscurité de la mort. C’est tout le sens de Pâques, la fête de la Résurrection, qui a fait exister le christianisme.
La peinture abstraite du chœur est en lien avec le cycle de vie de Jésus représenté dans la nef.
Nous sommes invités à laisser les couleurs et les formes agir de manière nouvelle dans notre vie.
Par analogie avec l’Evangile du jour, je perçois qu’un cadre de tableau ou de fenêtre oriente notre regard vers un autre monde, vers une autre dimension, qui dépasse notre entendement.
Au centre, de surcroît, le cadre de notre pensée et notre représentation volent en éclat.
Dieu est toujours autrement et plus grand, Dieu ne se laisse emprisonner par aucune théologie ou dogme…
Cependant la force de Dieu agit dans ce monde de façon identifiable et sensible.
Avec l’Evangile d’aujourd’hui, je vois la peinture comme un signe de ce ciel qui s’ouvre et la voix qui nous parle : Voici mon fils bien-aimé, et je l’ai engendré.
La fête d’aujourd’hui, le baptême du Seigneur, nous rappelle notre propre baptême. C’est une confirmation de Dieu que nous avons la possibilité d’approfondir une vie. Nous devons être conscients que l’Esprit Saint agit en chacune et chacun d’entre nous. Nous n’avons pas à nous justifier devant Dieu, ni mériter l’amour et la reconnaissance de Dieu. Nous sommes d’abord des créatures de Dieu, aimées de lui et considérées par lui tels que nous sommes.
Cela ne signifie pas qu’une fois baptisé plus rien ne peut se passer. Mais cela signifie que Dieu nous accompagne au travers des hauts et des bas de notre vie. Nous pouvons et nous devons traverser debout cette vie, parce que Dieu la traverse avec nous.
Nous pouvons être solidaires avec nos forces et nos faiblesses, car Dieu est avec nous.
Nous pouvons avoir une juste considération de nous-mêmes, car il nous considère avant même le début de notre vie.
Avec cette certitude nous pouvons vivre en Christ. Nous sommes des hommes sauvés, et cela devrait un peu mieux se voir sur nous.
La vie de Dieu, son amour et sa force, nous ne devons pas la garder égoïstement pour nous seuls.
Nous sommes invités à nous réorienter :
Vivre dans son milieu pour aider et construire à la place de détruire ;
Pour favoriser la justice plutôt que l’injustice ;
agir pour libérer et ouvrir plutôt que restreindre.
Cela peut nous arriver, car Dieu est avec nous.
Comme il est dit au baptême de Jésus : le ciel s’ouvre et la voix parle : voici mon fils bien aimé, je l’ai engendré.
Au moment de notre baptême – et aujourd’hui encore – le ciel s’ouvre à nouveau et la voix parle : « Toi Patricia, toi Pierre, toi Madeleine, toi Olivier… Vous êtes toutes et tous mes filles et mes fils bien aimés et je vous ai engendrés ». Amen