Abbé Dominique Rimaz , à l’église Saint-Amédée, Lausanne le 29 avril 2007 Lectures bibliques : Actes 13, 14. 42-54; Apocalypse 7, 9-17; Jean 10, 27-30 – Année C |
Chers amis, bien chers frères et soeurs, chers paroissiens et auditeurs,
L’Evangile de ce 4e Dimanche de Pâques est très court. Il va droit au but: « Je suis le Bon Pasteur, le vrai berger « . Ce dimanche est celui du Bon Pasteur, réservé dans le monde entier à la prière pour les vocations sacerdotales et religieuses. Notre monde, notre Europe, la Suisse et en particulier la Suisse Romande, avec ses 7 cantons et ses 3 diocèses, ont besoin de prêtres, de religieux et de religieuses.
Un prêtre est un don, un cadeau, un mystère, une grâce, un homme qui vit pour les autres, qui donne sa vie pour les autres, comme le Bon Pasteur. Les religieux et religieuses aussi donnent leur vie.
La seconde lecture parlait de la vision de Saint Jean, d’une foule immense que nul ne pouvait dénombrer: chaque être humain a sa vocation, toute vie est une vocation:
vocation du baptême comme laïc dans le monde et l’Eglise; puis vocation au mariage, berceau de toutes les vocations, pour augmenter les vocations, car un enfant c’est une vocation; puis vocation religieuse, car notre monde doit être couvert de charité, d’amour, de solidarité et de prière. Mais Dieu a créé une vocation spéciale pour servir cette foule immense: la vocation de prêtre.
Le curé d’Ars avait de belles petites phrases sur la grandeur du prêtre: « si une église, avec son clocher, a la présence réelle, c’est grâce à un prêtre qui a passé par là et qui a célébré la messe ». « Lorsqu’une âme a péché, ni la Vierge Marie, ni les anges ne peuvent lui donner le pardon; seul le prêtre peut le faire ». « Que ce mystère est grand! »
Jésus nous donne la clef du mystère: « Je suis le Bon Pasteur, le vrai Berger. Mes brebis écoutent ma voix ».
On parle beaucoup des prêtres catholiques, souvent en mal hélas. Il n’y a pas de droit pour devenir prêtre. Dieu appelle quand, comme et qui il veut! Le droit de devenir prêtre n’est que dans le coeur de Dieu, c’est son choix. Ce choix ne repose pas dans des conseils, ou des parlements. Dieu seul a inventé le métier de prêtre!
Alors pourquoi prier ? puisque Dieu fait tout. La prière ne change pas le choix de Dieu, mais elle change l’homme. La prière nous ouvre les oreilles pour entendre la voix du Bon Pasteur, la douce mélodie de la vérité.
Il faut en convenir, nous vivons dans un bruit permanent, une sorte de bruit de fond continuel, avec des voix contradictoires. Dans ce monde si magnifique, comment entendre la voix de la vérité, la douce voix de Dieu qui appelle et qui séduit: « Toi! suis-moi ! »
Benoît XVI, dans son message pour cette journée des vocations, parle de la fascination de l’Eucharistie, de l’adoration eucharistique, c’est là que naissent les vocations. « Nous avons pu affirmer que « l’amour eucharistique » motive et fonde l’activité vocationnelle de toute l’Église. En effet, comme je l’ai écrit dans l’Encyclique « Deus caritas est », les vocations au sacerdoce et aux autres ministères et services fleurissent à l’intérieur du peuple de Dieu là où il y a des hommes dans lesquels le Christ transparaît par sa Parole, dans les sacrements, spécialement dans l’Eucharistie ».
Le récent livre de Benoît XVI, « Jésus de Nazareth », prochainement traduit en français, devrait donner cette fascination et cet attrait pur la personne du Christ. Devenir prêtre, c’est accepter d’être choisi, et de répondre oui! à son appel qui résonne dans le coeur.
Dire oui, comme Marie, la Mère de Dieu.
Marie est l’écho de Dieu! Dans notre pays, il y a de belles et hautes montagnes. Chacun de nous a pu s’amuser enfant à faire retentir l’écho: le « ouh, ouh » qui résonne un deuxième fois dans une large vallée.
La voix du Bon Pasteur aussi résonne dans son Eglise. Nous qui sommes des brebis, des fidèles, nous pouvons entendre cette voix du Bon Pasteur résonner dans la sainte Eglise catholique, surtout à travers le Pape et les Evêques.
La foi est de l’ordre de l’harmonie. Pensez au chef de choeur qui fait vibrer son diapason pour chercher le la, la note juste. Marie est en harmonie parfaite et directe avec Dieu. Elle est le oui parfait, son écho le plus juste, le plus pur.
Par rapport à la vérité, nous faisons parfois des fausses notes dans notre vie, plutôt des canards; or Dieu nous ne nous a pas dit que nous étions des petits canards, encore moins le vilain petit canard, donc pas non plus des brebis galeuses, ni le mouton noir.
Etre une brebis, c’est très beau. Une brebis est petite, blanche, pure, délicate, inoffensive.
Si des parents visitent un zoo avec les enfants, les petits ont toujours la préférence. Il est chou, mignon! Jésus nous demande de redevenir comme des enfants.
A la messe, nous redisons avant la communion: « Voici l’agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ». Pour que ces mots « Voici l’agneau de Dieu » continuent de résonner dans le bruit du monde, il faut des prêtres; des prêtres pour dire: « Ceci est mon corps, ceci est mon sang »; des prêtres pour consoler et dire: « je te pardonne tous tes péchés », va en paix. Ces paroles de vie éternelle doivent continuer à résonner dans notre monde, paroles d’espoir et d’espérance, paroles de vie et de joie.
L’adoration, la prière sont urgentes. Vous les malades, les handicapés, les personnes âgées avez dans ce sens une vocation, une mission. Depuis votre lit d’hôpital, depuis votre chambre, « Priez pour que le Maître de la moisson envoie des ouvriers à sa moisson ». Car la moisson est abondante! Depuis chez vous, grâce aussi au Monastère Invisible, ce feuillet que notre Soeur Elisabeth Mettraux envoie dans toute la Suisse Romande, est un appui vital. Chacun peut faire quelque chose.
Et n’oublions pas la famille. Comme je le disais au début, un enfant, ce n’est pas une bouche de plus à nourrir. Un enfant, pour un chrétien, c’est une vocation. Nos frères musulmans pensent d’ailleurs qu’un enfant vient au monde avec tout ce qu’il lui faut. Nous, nous avons la Providence!
Les Européens doivent aimer la vie, la donner, la transmettre, pour donner aux jeunes une raison de vivre et d’espérer, pour donner à l’Eglise de nouvelles vocations.
Même le serviteur de Dieu Jean-Paul II, parlant peu à la fin de sa vie, répondit à la question d’un évêque sur le manque de vocations. Après un temps de silence, de prière sans doute, Jean Paul II a dit: « la famille, la famille, la famille! »
Chers amis, ensemble ce matin, vibrons dans une unité de foi et de prière. Et tous ensemble, en famille, nous pourrons faire résonner l’appel du Bon Pasteur, afin que des jeunes entendent l’appel à devenir prêtre, religieux ou religieuse.
Amen