Messe du 31ème dimanche ordinaire

 

Abbé Vincent Lafargue, Monastère des Bernardines, Collombey, le 31 octobre 2010
Lectures bibliques : Sagesse 11, 23 – 12, 2; 2 Thessaloniciens 1, 11 – 2, 2; Luc 19, 1-10 – Année C

 

 Il y a des textes bibliques que l’on connaît trop bien. L’évangile d’aujourd’hui par exemple. Dès qu’on entend « il y avait un homme du nom de Zachée », notre cerveau se branche sur pilote automatique et on commence à somnoler tranquillement.

  Pour rester éveillés, essayons de transposer l’histoire de Zachée aujourd’hui. Je vous demande un petit effort d’imagination. Je sais, si tôt, un dimanche, c’est difficile. Mais essayons.

Nous ne sommes pas à Jéricho mais à Zürich. Il y a un monde fou. Pensez donc ! Un homme qui dit être le Messie a annoncé sa venue ce jour-là. Des millions de fidèles de par le monde sont accourus, le Saint Père est là, des évêques, des prêtres par milliers, tous les grands noms de la chrétienté sont présents.
On trouve une brochette des personnes probablement les plus pieuses et les plus pratiquantes du monde à Zürich ce jour-là. Dans quelques semaines. Le 2 décembre pour être précis.
Et puis il y a un petit homme qui est là, au milieu de la foule, un peu par hasard. Il s’appelle Sepp Blatter. C’est le président de la Fédération Internationale de Football. Ce jour-là à Zürich, il dirige la grande conférence au cours de laquelle seront choisis les pays organisateurs de deux futures coupes du monde. Mais bon il a un peu de temps devant lui, et il a entendu qu’on annonçait l’arrivée du Messie. Ça ne coûte rien d’aller voir.
Comme Sepp Blatter n’est pas de très grande taille, il grimpe sur un lampadaire – ce sont les arbres de nos villes – pour mieux voir.
Et Jésus arrive. Tout le monde cherche à le toucher, à le voir. Il passe au milieu de la foule, saluant brièvement autant le St Père que la petite fille, là, au deuxième rang.
Et puis Jésus voit Sepp Blatter. Il l’interpelle.
– Sepp ! Qu’est-ce que tu fais là ? Descends de ton lampadaire ! Ce soir on va manger ensemble.
– Euh… ben c’est-à-dire que… ça tombe mal, voyez, ce soir j’ai une immense conférence pour désigner deux pays organisateurs, il y aura beaucoup de monde, c’est pas tellement votre style, comment dire…
– Et alors ? Y aura sûrement un grand banquet ! Tu n’as pas une place pour moi ? Juste une…
Et Sepp Blatter accepte, et repart avec Jésus dans sa limousine. Vous imaginez la tête des évêques ?? Des fidèles ?? Même des simples prêtres comme moi ??
Ce gars est riche en gérant des millions, moi j’essaie – j’essaie ! – de pratiquer la charité, lui il a des affaires de corruption plein ses amis, et c’est LUI que Jésus invite ? Mais ça va ou bien ?
Vous imaginez Benoît XVI qui reste en rade alors que Sepp Blatter est invité par Jésus ?
Et ce n’est pas fini…
Parce que Sepp Blatter, en arrivant avec Jésus au congrès de la FIFA ce soir-là, va annoncer qu’il a vendu la moitié des biens de l’organisation à des œuvres de charité, et qu’il vient de s’engager à rendre, à tous les pays lésés par les choix corrompus de son association, quatre fois ce qu’on leur avait volé par le passé.
Voilà l’histoire de Zachée. Jésus s’invite chez un homme très riche aux yeux et à la barbe de tous les pratiquants du coin, et le riche se convertit.
Et Jésus ce soir-là à Zürich, prendra le micro et dira devant le parterre de personnalités venues du monde entier : (je vous récite l’évangile) « Aujourd’hui le salut est arrivé pour cette association. En effet le fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »
Le salut est pour tous les hommes, chers Amis, tout particulièrement – même si nous avons de la peine à l’entendre – pour les plus improbables.
Monsieur Blatter, j’ai peine à imaginer que vous annonciez dans un mois que votre association va rendre le quadruple à ceux qu’elle a lésés. Mais pourtant, en simple lecteur de la Bible, ma foi me dit que si Jésus revenait ce jour-là à Zürich, c’est peut-être bien ce qui se passerait…
Et vous chers Amis, vous y croyez ? Posez-vous la question. Le Fils de l’Homme est venu sauver tous les Hommes. Tous. Même Sepp Blatter.
Si vous écoutez la radio, Monsieur, je vous salue. Et que Dieu vous bénisse.

 

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