Messe du 2ème dimanche de l’Avent

 

Abbé François-Xavier Amherdt , à l’église Saint-Maurice, Ursy, FR, le 6 décembre 2009
Lectures bibliques : Baruc 5, 1-9; Philippiens 1, 4-11; Luc 3, 1-6 – Année C

Les grands travaux

Il y a deux catégories de personnes : celles qui règlent toutes choses au fur et à mesure qu’elles se présentent, qui procèdent au rangement d’usage le jour même, qui font chaque semaine leurs paiements et ne laissent pas en suspens les lettres ou courriels en cours. Puis il y a ceux qui entassent les piles de documents, faute de temps ou de courage, qui remettent au lendemain ou au surlendemain le tri pourtant nécessaire et qui se retrouvent avec une centaine de mails en retard : tout à coup, les personnes de ce second type se secouent, elles prennent leurs résolutions à deux mains, elles aplanissent les montagnes de dossiers, elles comblent les ravins de retards, elles liquident les paiements qui traînent…

Un baptême de conversion

A quelque catégorie que nous appartenions, nous avons tous au fond de notre cœur ou dans un coin de notre mémoire des « choses en retard », des réconciliations non abouties, des changements à opérer, que nous repoussons depuis belle lurette. Voici le moment favorable pour sortir de notre marasme, mettre de l’ordre dans notre existence et changer de vie. Voici l’Avent et son vigoureux prophète Jean-Baptiste, qui crie une fois de plus dans le désert de nos indifférences ou de nos réticences : « Convertissez-vous. Vous avez reçu le baptême pour le pardon de vos péchés. Qu’en faites-vous ? Secouez-vous, actualisez cette grâce, laissez-vous faire par l’Esprit ! »

Nous souffrons d’une relation qui empoisonne notre couple ou notre famille : rompons ! Nous dépérissons dans une situation qui nous pourrit l’existence : coupons ! Nous étouffons dans le chaos du désordre : entreprenons les grands travaux dont nous rêvons depuis si longtemps ! Nous pestons contre notre hygiène ou notre rythme de vie déséquilibrés : redressons-les, faisons du sport, buvons, fumons, mangeons moins ; communiquons, aimons, prions davantage ; lisons l’Écriture quotidiennement ; sachons dire non sans mauvaise conscience.

Progresser

Bien sûr, nous ne partons pas de zéro. Nous avons déjà accompli un bon bout de chemin dans l’existence. Nous vivons déjà en relation avec le Seigneur. Nous le fréquentons régulièrement dans les sacrements et l’eucharistie. Nous essayons de mettre en pratique la Parole du Sauveur : nous résistons à la violence qui ronge nos cités, à la jalousie qui empoisonne les relations humaines, à la corruption qui gangrène tout, même le sport – voyez les paris sur les matches truqués, incroyables -, nous tentons de ne pas céder à la peur qui nous fait parfois prendre des options démocratiques pas vraiment conformes à l’Évangile.

Mais Dieu nous veut toujours plus pour lui. Il nous désire toujours davantage unis à lui. Ce qu’il a déjà commencé en nous, dit Paul à la communauté de Philippe, il veut le poursuivre, il désire intensément le mener à son achèvement, jusqu’au jour où il sera tout en tous.

Qui n’avance pas recule, dans l’activité professionnelle, en musique, comme dans la vie spirituelle. Connaissons-nous vraiment le Christ, alors que tant de faux soucis nous maintiennent loin de lui ? Avons-nous véritablement la claire vision de sa volonté pour nous, alors que nous sommes si peu à son écoute en profondeur ? Empruntons-nous effectivement le droit chemin, alors que nous trébuchons au premier obstacle et que nous demeurons dans notre médiocrité ? Sommes-nous sincèrement profondément heureux, alors que nous croulons sous mille préoccupations futiles ?
 Ne serait-ce pas le moment favorable pour nous laisser bousculer par la puissance de l’Esprit, pour rejeter les œuvres de ténèbre et progresser dans la connaissance vraie, la parfaite clairvoyance et le discernement de ce qui est le plus important ? Car c’est la seule chose qui compte : ce que Dieu veut pour nous. C’est le seul moyen de trouver le bonheur : nous abandonner à la fécondité de son Esprit.

Debout

Debout, Ursy, quitte ta robe de tristesse, épouse la joie des anges !
Debout, Lucens, ôte ton habit de misère, accueille la miséricorde de Dieu, crie le sage Baruc !
Debout, Oron, laisse-toi revêtir de la parure glorieuse du Seigneur !
Debout, Promasens, laisse-toi envelopper du manteau de la justice divine, il est encore plus beau que la cape épiscopale du saint Nicolas de Fribourg !
Debout, Moudon, met sur ta tête la couronne du salut, comme une jeune mariée !
Debout, Rue, tiens-toi sur les hauteurs et regarde les merveilles du Seigneur, son escorte de tendresse et de paix !
Debout, Chapelle, réjouis-toi, car Dieu t’installe sur son trône royal !
Debout, UP St-Pierre des Roches, mets-toi à l’ombre des arbres odoriférants, à la lumière de la splendeur du Sauveur !

Quelles perspectives ! Quelles promesses ! Quelle espérance chante le poète et prophète Baruc, deux siècles avant le Christ ! Jésus les a réalisées. En son Fils, Dieu a abaissé toutes les barrières entre les hommes, il a comblé tous les fossés de méfiance entre les croyants des diverses religions, il n’attend plus que nous nous laissions faire pour célébrer ces retrouvailles universelles et cosmiques.

Les grandes manœuvres

Cet Avent 2009, avec la crise qui continue de nous menacer, les votations de dimanche dernier, c’est l’heure des grandes manœuvres. Comme à l’armée, truelle, pic et pelle à la main, pour aplanir enfin les difficultés qui nous collent à la peau, pour redresser le tir avant qu’il ne soit définitivement trop tard.

Ce sont Isaïe et le Baptiste, tout l’Ancien et le Nouveau Testament rassemblés, qui font entendre cette voix sur notre monde : « Le Seigneur va venir ! Préparez son accueil avec amour, comme si vous deviez recevoir chez vous Baraq Obama le Nobel, l’évêque de votre diocèse ou Roger Federer. Le moment est grave. Vous êtes à un tournant. Bougez-vous, remuez-vous ! Vous serez si épanouis lorsque  vous vous serez transformés. Laissez-vous engendrer à neuf par ce divin Fils, votre frère ! Laissez-vous aimer. Alors vous serez re-nés et heureux ! » 

 

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