Messe du 21e dimanche ordinaire

 

Père Didier Boillat, au Monastère du Carmel, Le Pâquier, le 27 août 2006
Lectures bibliques : Josué 24, 1-2a 15-18; Ephésiens 5, 21-32; Jean 6, 60-69 – Année B

Il y a des limites à ne pas franchir, vous le savez bien… Jésus, lui, les franchit allègrement comme si de rien n’était, porté par une parole qui met le feu ! Et ceux qui l’écoutent se bouchent les oreilles : « ça suffit maintenant, tu ne peux être l’égal de Dieu, nous en avons assez entendu. Nous préférons partir ! »

Quelle est cette limite franchie par Jésus ? Il demande simplement mais avec force à ses auditeurs la foi en sa personne : « Je suis le Fils de Dieu, j’ai les paroles de la vie éternelle. » Une foi personnelle, engagée, vive ! Avons-nous bien entendu ? Entendre une parole, mieux l’écouter, est une semence déposée dans la terre, peu à peu elle grandit et donne naissance à la promesse de vie qu’elle contient. Les paroles de Jésus ont-elles pour nous cette force de croissance et d’épanouissement ? Nous font-elles franchir cette limite d’une confiance accordée ? Ont-elles encore la saveur de la vie éternelle ?

Si nous nous regardons un peu… Nous voyons combien nous sommes pleins de limites : il y a des sourds, des cœurs durs et des nuques raides. Nos colères et nos déceptions viennent si facilement ôter une joie de vivre. Plus malicieusement la souffrance et la maladie nous rappellent combien notre vie est passage et limitée pour un temps. Les paroles de Jésus le Christ vont-elles nous aider à franchir les limites de notre humanité blessée ?

Les paroles que Jésus offre à ses disciples, à ceux et celles qui veulent le suivre de plus près sont des paroles pour leur présent, ce qu’ils vivent dans leur quotidien. Ce ne sont pas des paroles en l’air, sans lien avec le plus intime de l’humain. Quand Jésus parle, il va directement dans le cœur et sans détour. Sa parole est pour ce que je vis concrètement : une séparation, un deuil, une incompréhension, mais aussi la joie d’une rencontre, d’une amitié, d’un succès. Chacune de nos situations est visitée par les paroles du Christ. Elles sont infiniment proches du cœur qui écoute. Elles touchent juste où il faut…

Mais quand Jésus parle, il a cette capacité merveilleuse d’ouvrir un avenir, de créer une brèche dans ce qui paraissait bloqué et perdu. Souvent nous sommes situés à la limite de l’espérance… Cette limite de l’espérance est la limite de l’humanité. Celle-ci va-t-elle croire encore malgré les guerres, l’injustice, le déchaînement des éléments naturels ? Va-t-elle oui ou non donner sa confiance en un Dieu Père qui accompagne chacun des ses enfants ?

Notre humanité avec le Christ entre dans la transgression… Elle appartient avec lui au monde du Père. La vie éternelle réalise déjà sonœuvre dans le cœur de l’homme et de la femme de foi. Elle se donne entière dans l’humanité en recherche de sens et de bonheur. Mais délicatement, sans forcer elle attend le oui, la confiance retrouvée, la solidarité des hommes et des femmes de maintenant pour ceux et celles qui vivent dans une impasse, dans la perte d’espérance.

Moi qui écoute, quelle est la limite que le Christ m’appelle à franchir aujourd’hui avec lui ? Il m’appelle de l’intérieur à prendre avec lui le chemin de vie… Que surgissent en vous et en moi une force nouvelle ! Une force d’espérance en Dieu et en l’humanité !

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