Messe du 1er dimanche de l’Avent

 

Abbé Boniface Bucyana, à l’église Saint-Maurice, Ursy, FR, le 29 novembre 2009
Lectures bibliques : Jérémie 33, 14-16; 1 Thessaloniciens 3, 12 – 4,2; Luc 21, 25-36 – Année C

L’art d’attendre

Attendre c’est tout un art. L’Avent se décrit comme le temps de l’attente. « Préparez les chemins du Seigneur ! ». Mais on ne peut préparer ces chemins vers Dieu et vers les uns et les autres que dans une attente vive et vivifiante. A l’heure où dans notre monde, nos sociétés, l’attente semble être une perte de temps, donc une perte de sous, on n’a de la peine à attendre. On veut tout et tout de suite. Attendre est vue presque comme un signe de faiblesse. Pourtant les faibles comme les forts, nous sommes appelés à attendre.

1. Qu’attendons-nous ?
Avent veut dire Avènement, « ce qui vient, ce qui advient », ce qui nous surprend. Ce que nous attendons, c’est la venue du Seigneur. Un Dieu qui se fait l’un de nous. C’est surprenant. C’est merveilleux. Et nous attendons, non du réchauffé, mais  une venue toute neuve qui donne à notre vie un goût d’inédit. Et pourtant nous savons bien qu’il est déjà venu. Son nom est « Le Seigneur de justice » comme vient de l’annoncer le prophète Jérémie. Celui que nous attendons est celui qui n’a jamais cessé d’être à nos côtés. Voilà ce qui donne sens et contenu de joie à notre attente. Avec lui et grâce à lui, tout peut devenir neuf, à commencer par nous. Encore faut-il prendre du temps pour lui, lui donner de notre temps… Nous n’attendons donc pas  un inconnu qui fait peur, mais bel et bien celui nous rejoint. Celui qui vient, c’est le même qui nous dit : viens, c’est le même qui nous rassure en disant : relève-toi, va, je te vois. Il vient nous remettre en selle, il vient nous rendre justes, capables du meilleur.

2. Comment attendre ?
– Rechercher d’abord à plaire à Dieu et continuer à faire des progrès sans nous installer dans l’attente, nous supplie saint Paul : Restez éveillés et priez en tout temps, nous dit celui que nous attendons.
Toutes les lectures de l’Avent nous réveillent pour aller vers le Sauveur venu, et qui vient, dans ce pauvre, victime de la crise provoquée par l’orgueil, la cupidité, la suffisance, le mépris et le manque de confiance. Il vient dans ce pauvre, victime de la peur, de l’égoïsme et de l’exclusion de l’autre. Il vient dans cet affamé de pain et de parole, cet assoiffé de justice et de paix aux 4 coins du monde, cet assoiffé d’eau fraîche du Sud et surtout d’amour. La vraie attente se fait donc dans la vigilance, l’attention et la confiance en l’autre. L’entrée dans l’Avent est aussi une entrée dans l’espérance. Celle-ci nous permet de veiller avec une confiance soutenue comme nous l’a rappelé le psaume 24, et lever nos yeux vers la face de Dieu qui s’use à nous chercher.
– Restez éveillés, non dans la somnolence, non la lassitude, non dans l’impatience et la frénésie, mais dans la prière confiante. Une prière de tout temps, persévérante, par la parole et par le geste : toute notre vie doit s’efforcer d’être une prière offerte continuellement à Dieu.
– Rester éveillé n’implique pas que nous exerçons un contrôle, que nous avons une emprise sur la venue du Seigneur. Mais par la prière, nos yeux sont suffisamment dessillés pour scruter les signes de la présence de Dieu et percevoir ses multiples coups d’œil. Donc notre attente doit être habitée et animée par la prière. L’Avent est cette attente réciproque entre l’homme et Dieu Sauveur qui, le premier, porte l’homme pour que l’homme porte Dieu. Nous attendons, mais nous sommes aussi attendus. 

3. Pour quoi attendre ?
Pour garder les yeux ouverts sur les réalités qui demeurent et ouvrent sur l’éternelle présence du Christ. C’est lui l’horizon qui ouvre les yeux du cœur et du corps, anime et rythme nos pas. Nous n’attendons pas d’abord quelque chose, mais avant tout et après tout Quelqu’un. C’est lui qui ouvre nos yeux vers et sur les autres.

Au cœur et au bout de l’attente, il y a la rencontre. Notre attente est aussi un moment de partage, notre attente n’est pas une affaire privée. Nous attendons avec toute l’humanité à travers le monde. Nous attendons avec toutes nos communautés paroissiales, avec nos fidèles de toute notre Unité pastorale, avec toute l’Eglise universelle, avec tous les chrétiens, tous les hommes de bonne volonté, surtout ceux qui attendent un regard, un geste qui fait renaître celui qui commençait à vieillir en amour. Dans un élan d’ouverture et de générosité, nous sommes appelés à poser des gestes de vie, pour redonner espoir, des gestes d’humanité envers les humiliés, les pauvres prostrés sur le bord de la vie. Jésus qui vient, a besoin de nos yeux, de nos bras, de nos oreilles pour venir et se rendre disponible et présent à tous ceux qui ont soif d’aimer et d’être aimé. Alors notre attente nous invite à nous mettre en route, sans attendre, parce que nous sommes attendus en chaque rencontre au rendez-vous de l’humain. Et du sauvé que je suis, je peux, qui que je sois, m’y laisser transformer en sauveur à la suite de Jésus Christ. Amen 

 

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