Abbé Maurice Genoud , le 10 août 2008, à la chapelle de Notre-Dame de Tours, Cousset (FR) Lectures bibliques : 1 Rois 19, 9.11-13; Romains 9, 1-5; Matthieu 14, 22-33 – Année A |
Cette page de saint Matthieu nous fait découvrir un épisode du quotidien de la vie des disciples auprès de leur Maître. Jésus a eu pitié de la foule, il guérit les malades. Le soir venu, les disciples demandent à Jésus de renvoyer la foule car il n’y a rien à manger. Pourtant le Maître leur demande d’apporter ce qu’ils ont, soit cinq pains et deux poissons. De ce peu, le Christ va nourrir la foule estimée à 5’000 hommes sans les femmes et les enfants.
Les disciples ont bien travaillé en distribuant le pain. Par eux, le Christ a comblé la faim de cette foule. Puis, nous dit Matthieu, Jésus ne les invite pas mais les oblige à monter dans la barque pour traverser le lac et lui s’occupe de renvoyer la foule.
Après il se retire dans la montagne, lieu de solitude, de contemplation pour prier le Père. Vers la fin de la nuit, Jésus va à la rencontre des disciples d’une manière insolite, il marche sur l’eau. La mer, le lac sont le symbole de l’adversité, du tourment, de la mort. Le vent est contraire, les vagues chahutent la barque et surtout quelqu’un qui marche sur l’eau, n’y-a-t-il pas assez pour avoir peur ? C’est la panique, les apôtres de crier. La voix du Maître les rassure : « Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur. » Pierre, homme spontané, fait une proposition folle : « Si c’est toi, ordonne-moi de venir vers toi sur l’eau. » « Viens! » dit Jésus.
Pierre obéit mais prend conscience du danger qui l’entoure : le vent, l’eau. Il a peur, il compte sur lui, oubliant Celui qui lui a dit : Viens, et il commence à enfoncer dans l’eau. Nouvelle panique : « Seigneur, sauve-moi !» Et Jésus lui tend la main et le saisit : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » Ils montent dans la barque et c’est le calme, la sérénité, la paix. Les apôtres se prosternent et reconnaissent : « Vraiment, tu es le Fils de Dieu. »
Cet épisode ne nous rappelle-t-il pas le buisson ardent ? Moïse est intrigué par un phénomène bizarre, un buisson en feu qui ne se consume pas. Ne va-t-il pas entendre une voix peu ordinaire : « C’est « Je suis » qui te parle. Ote tes sandales. Ce lieu est saint. » Dieu se révèle à Moïse qui va se prosterner devant lui comme les disciples devant le Christ qui se fait vraiment connaître : « C’est moi, n’ayez pas peur. »
Chers frères et soeurs, chers malades, chers auditeurs. A nous qui pensons si souvent être tout seul dans la détresse, la souffrance, les difficultés, est-ce que le Seigneur ne nous tend pas la main pour nous saisir et nous dire : « C’est moi, n’aie pas peur. » Si souvent on nous dit : « Mais où donc est le Seigneur ? On ne le voit pas, il ne fait rien, il y a tellement d’ennui, de difficulté. »
Ne sommes-nous pas à sa recherche comme le prophète Elie qui pense le rencontrer dans les grands évènements : ouragan, tremblement de terre, tempête, feu. Où va-t-il rencontrer Dieu ? Dans une légère brise. Pour nous c’est pareil. Où rencontrer Dieu sinon dans le quotidien de nos vies, dans ce qu’il y a de plus ordinaire, de plus banal, c’est là que Dieu se tient. C’est là qu’il nous regarde avec amour et donne sens à chaque geste de nos vies. Il est bien présent à nos côtés, c’est à nous de lui offrir ce quotidien, notre vie.
Ce qu’il nous demande, c’est la confiance, l’abandon entre ses mains. Il est discret mais s’il y a difficulté, n’ayons pas peur de crier vers lui : « Seigneur, sauve-moi. » Comme à Pierre, ne va-t-il pas nous tendre la main : « C’est moi, n’aie pas peur! » Il montera dans la barque de notre coeur pour cheminer avec nous. Notre coeur retrouve la paix, la confiance et pourquoi pas la joie.
Amen