Abbé Alexandre Barras, Centre « La Pelouse », Bex, le 30 juillet 2006 Lectures bibliques : 2 Rois 4, 42-44; Ephésiens 4, 1-6; Jean 6, 1-15 – Année B |
Chers jeunes,
Chers frères et sœurs,
Il y a plusieurs années le centre romand des vocations avait créé une affiche avec le message suivant:
« Le monde a besoin de prêtres car il a besoin du Christ ! »
Aujourd’hui j’y rajouterais : « Le monde a besoin de prêtres, de religieux et religieuses, de moines, de laïcs engagés! » En un mot il a besoin de chacun de nous pour se rendre présent au cœur de nos villes et villages, au cœur de nos familles et de nos communautés. Il a besoin de nous pour combler les faims des hommes et des femmes qui ne le connaissent pas encore ou qui s’en sont éloignés.
Déjà au temps du Christ un grand nombre d’hommes et de femmes avaient faim d’une Parole de Vie, d’une libération, d’une guérison intérieure. Pour cela une grande foule suivait Jésus. On peut se demander pourquoi le suivait-il ?
Il le suivait pour trouver un sens à leur vie. Pour retrouver le goût et la joie de vivre. Parce que ses paroles rejoignaient chacun d’eux au plus intime d’eux-mêmes et leur donnaient la certitude qu’ils étaient compris de Jésus dont on disait qu’II était l’envoyé de Dieu. Certainement à cause de toutes ces raisons, et bien d’autres mais surtout ils venaient à lui parce qu’II les prenait au sérieux. Il les aimait ! Toutes les rencontres de Jésus en sont la preuve. Il s’est préoccupé de leur faim corporelle et spirituelle. Tantôt une parole libératrice, tantôt un miracle pour redonner vie et dignité à celui ou celle qui n’en peut plus. La foule de ce matin a faim et soif du message d’amour et de libération de la part de Dieu. Les pharisiens et les docteurs de la loi enfermaient le peuple, l’ écrasait par la multiplication de lois inutiles, par de nombreux rites compliqués et peu porteurs. Ils avaient fait perdre joie et cœur à leurs fidèles. Par contre le message du Christ libère, grandit, remplit d’espérance celui qui met humblement sa foi dans les mains de Dieu.
Dans ce miracle de la multiplication des pains et des poissons nous avons déjà, en germe, le repas pascal du Christ avant sa mort et sa résurrection. Nous pouvons donc découvrir l’immense désir de Dieu de nous nourrir de sa Parole et de son Corps. Il souhaite s’offrir totalement, abondamment et même à satiété à chacun de nous et ceci sans aucune distinction d’âge, de race, langue, peuple et nation. Jésus ne fait pas un miracle pour épater la galerie mais bien pour combler l’homme dans son besoin fondamental du vrai bonheur, de la vraie vie.
Dans cette page d’Evangile, Jésus nous invite au partage à l’image de la première communauté chrétienne. Ils mettaient tout en commun. Ils vendaient les biens pour les donner aux pauvres. Ils étaient assidus aux prières et à la fraction du pain. Je trouve magnifique cette image des cinq pains d’orge et des deux poissons. Quantité misérable, insuffisante pour combler ces milliers de personnes affamées. A vue humaine c’est impossible de nourrir toute cette foule. Tout comme au début de la mission de mère Térésa de Calcutta. Elle qui commença son ministère avec un sceau d’eau et une éponge dans ses deux mains. Lavant les enfants, parlant avec eux, leur apprenant un peu de grammaire. Dérisoire pour vaincre une misère si grande et pourtant ces deux mains vont être rejointes par des centaines d’autres mains et alors tout devient possible, l’amour peut alors jaillir et se donner. Il peut soulager, guérir, redonner une dignité. Qu’est-ce les deux mains de l’apôtre des loubards, le Père Guy Gilbert, face à tant de paumés des rues et pourtant là aussi d’autres mains se sont réunies pour offrir amour et paix à ces cœurs meurtris. Et même tout près de nous il y a des mères et des pères de familles qui se sont mis en route pour aider, aimer, accompagner leurs frères et sœurs. Dieu a besoin de nous, besoin de mes mains et de ma bouche, de mon cœur et de mon âme pour agir. A travers mon oui total et inconditionnel au Seigneur alors il peut agir, faire des miracles, se rendre présent. Il a besoin de nous mais chacun à sa place et chacun a une place.
Cette semaine, chers jeunes, vous avez découvert les différentes vocations.
Celle du prêtre qui annonce l’Evangile, la Bonne Nouvelle et qui rend présent le Christ à travers les sacrements qui sont les signes visibles et efficaces de sa présence aimante.
Les religieux et les religieuses qui sont les mains du Christ pour accueillir, soigner, accompagner, aider les autres dans le besoin. Comme nos sœurs de la Pelouse qui ont accueillis des centaines de jeunes depuis de nombreuses années et qui nous accueille encore aujourd’hui.
Les moines et moniales qui sont le cœur de Dieu où il fait bon y venir pour se reposer dans le silence, la prière et la contemplation. Ces monastères qui sont comme des oasis de paix dans notre monde par trop bruyant.
Les diacres qui sont les serviteurs de la charité du Christ auprès des souffrants.
Les laïcs engagés qui préparent les jeunes et les adultes aux divers sacrements. Qui donnent les cours de catéchèse. Qui assument des présences aimantes dans les différentes aumôneries (hôpitaux, prisons, groupes de jeunes etc.) Eglise aux mille visages, vocations aux mille mains.
J’en suis sûr Jésus vous appelle, chers jeunes, à devenir ses témoins, ses disciples. N’ayez pas peur de répondre à son appel. Il nous comble bien au-delà de ce que l’on peut imaginer. Nous sommes enrichis à son contact quotidien. Il nous remplit de sa présence et de sa paix. Il y a un peu plus d’un mois j’ai célébré mes dix ans de prêtrise. Dix ans de joie et de bonheur comme petit serviteur du Seigneur. Je suis heureux chaque jour de célébrer le Seigneur comme le jour de ma première messe, le lendemain de mon ordination sacerdotale. Heureux de rencontrer tant et tant d’hommes et de femmes que Dieu met sur ma route. Il est beau de chanter le Seigneur, d’être son serviteur bien fragile certes mais aimé d’un amour fou. Oui il vaut la peine de s’engager et ceci pour la vie, une vie remplie de la présence de Dieu, source et océan de tout amour. Engagez-vous chers amis ! Dieu a tant besoin de prêtres, de religieux et religieuses, de diacres, de laïcs engagés à son service.
Amen.