Messe de Minuit

 

Abbé Jean-Claude Dunand, à l’église de la Tour-de-Trême, le 25 décembre 2009
Lectures bibliques :
Isaïe 62, 1-5 ; Actes des Apôtres 13, 16-25 ; Matthieu 1, 1-25 – Année C

Mon portable sonne.
C’est Ivan, une connaissance que je n’avais plus rencontré depuis deux ans. Nous fixons une date pour nous revoir et surtout il désire me présenter quelqu’un. La date venue, je dois malheureusement faire reporter. Nous en fixons une autre et il tient à ce que cela se fasse assez rapidement.
En arrivant chez eux, en voyant son amie, j’ai vite compris, pas besoin de mots, Sylvie était enceinte. J’apprends que le terme est pour ces jours. En visitant l’appartement, je découvre une petite chambre prête pour un bébé. Quelle joie sur leur visage… ils allaient accueillir un enfant, leur enfant…
Je fus très touché par la joie intense sur leur visage et ressentir que le changement auquel ils se préparaient les réjouissaient.
Quelques jours après, un sms m’annonça la naissance du petit Elie.

Une naissance qui me touche encore aujourd’hui…
Le faire-part disait cela :
A quelques jours d’accoucher, Marie fit un long chemin…
Pas de place à la salle commune…
Nous sommes à l’étable, juste en dehors du village…
L’enfant emmailloté a été couché dans la mangeoire…
Des bergers nous ont rendus visite…

Voilà le faire-part de la naissance de Jésus préparée depuis bien longtemps par les prophètes :
« Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David,
un rejeton jaillira de ses racines.
Sur lui reposera l’esprit du Seigneur : esprit de sagesse… »

  Et cela s’est réalisé à Bethléem…
Jésus, Dieu fait homme, Jésus le Fils du Tout-puissant est tendrement emmailloté et déposé dans une mangeoire.
C’est Noël :
« Paix sur la terre aux hommes qu’il aime ».

Et depuis cette nuit où les anges ont chanté :
« Paix sur la terre aux hommes qu’il aime »
les chrétiens fêtent l’Amour à Noël, ils célèbrent la naissance de Jésus, l’Amour de Dieu fait homme, le cadeau de Dieu aux hommes.
Dans une grande humilité, Dieu s’est donné car il aime.
A Bethléem, dans une étable avec sa vie et ses odeurs, il y a deux mille ans, Jésus est né, accueilli par Marie, Joseph et des bergers…
Jésus, le Tout-Amour, humblement emmailloté et déposé dans une mangeoire. Des anges ont chantés.
Jésus est né dans une étable.

Il y a eu le Noël historique,
il y a le Noël de toutes les fêtes vécues ces jours,
il y a aussi le Noël de tous les jours.

L’étable où Dieu vient au monde, c’est chacun de nous. L’étable n’est pas toujours très propre, il y a quelques toiles d’araignées accrochées aux poutres, il y a des animaux, de la paille et des crottes et ça sent un peu mais c’est plein de vie. Et c’est cette vie-là, c’est la nôtre, nos existences quotidiennes toutes simples avec tout ce qu’il y a de beau et de salissures, c’est cette vie-là que Jésus vient illuminer. En parcourant les villages, il va répandre sa lumière en invitant simplement à aimer son prochain comme soi-même. S’aimer, Il nous invite à la bienveillance envers nous-mêmes. Ce n’est pas pour tourner en rond autour de notre petit moi, mais c’est pour être en accord avec nous-mêmes, avec notre passé et avec notre présent, pour devenir de plus ce que ce que nous sommes. Peu importe si ce n’est pas toujours très propre; se rejeter soi-même, ce serait rejeter Dieu comme s’il avait raté sa création ! L’enfant dans la mangeoire de Bethléem m’invite à me traiter moi-même avec amour et si possible avec un peu d’humour, sans trop me tracasser sur ma façon de paraître, comme un petit enfant dans sa spontanéité ne se prend pas trop au sérieux.
En prenant la communion dans la main, nous vivons Noël, nous accueillons et nous emmaillotons l’humble Présence pour la déposer dans nos pauvres humanités qui s’embellissent de la lumière divine.
Joie sur terre… Dieu visite l’homme…

Nelson Mandela, devenu président de l’Afrique du Sud et prix Nobel de la paix en 1993, disait dans son discours d’intronisation : « Nous sommes nés pour rendre manifeste la gloire de Dieu qui est en nous. Elle ne se trouve pas seulement chez quelques élus : elle est en chacun de nous, et au fur et à mesure que nous laissons briller notre propre lumière, nous donnons inconsciemment aux autres la permission de faire de même. En nous libérant de notre propre peur, nous libérons automatiquement les autres… ».

La bienveillance envers nous-mêmes nous entraîne à la bienveillance envers les autres. L’Eglise en a fait sa première mission en appelant cela la diaconie. Mais avant toutes les démarches organisées et officielles pour combattre la souffrance et la pauvreté, des actions qui sont absolument nécessaires, il y a tant de gestes discrètement accomplis qui répandent un sourire et un peu d’amour.

Un jour, lors d’une émission des « Zèbres » un enfant proposait de « supprimer la fête de Noël car il y avait trop de personnes malheureuses sur la terre et que chez nous nous avions tout et que cela n’allait pas… » Il avait un peu raison… mais ce serait baisser les bras ce serait oublier Dieu, en enfermant l’humanité dans des ornières de tristesse et souffrance.

Nous devons davantage nous ouvrir au fait que Dieu désire visiter et habiter l’étable que sont nos vies et notre monde actuel. C’est vraiment la grâce reçue qui transformera l’homme et l’ouvrira à la divinité. Nous serons ainsi aussi de plus en plus des enfants de lumière comme Jésus l’a souhaité : « Vous êtes la lumière du monde ».
Dieu choisit de vivre en l’homme.
Nous sommes choisis pour être humble étable de sa présence.
Dieu désire renaître chaque jour dans nos humanités.
Grande est notre joie !
C’est Noël !

 

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