Père Marc-André di Pea, à l’Abbaye de la Fille-Dieu, Romont, le 31 août 2003. Lectures bibliques : 1 Rois 8, 22-30; Luc 19, 1-10 |
La maison de Zachée n’a rien d’un sanctuaire! C’est plutôt un repère obscur de gens malhonnêtes, un lieu peu recommandable pour des « justes »
Salomon a, quant à lui, construit un Temple somptueux, selon les règles de l’art et conforme aux plans divins. Pourtant, il ne se fait pas beaucoup d’illusions. Le temple n’est rien sans l’homme qui se tourne vers le Seigneur. L’homme ouvre son cœur et crie sa supplication; Dieu écoute et pardonne. Ce lieu témoin de la rencontre et qui abrite l’échange entre l’amour qui espère malgré tout et l’amour qui comble au-delà de tout devient Temple consacré au Seigneur. Jadis on dressait aussitôt une stèle, car ce moment et cet espace là sont saints. Ils appartiennent au Seigneur.
« Tu as aimé Seigneur cette terre » et tu ne peux l’oublier. Tu as aimé sa table dressée pour les noces, savouré le vin de l’amitié, l’huile qui adoucit son visage et le pain qui fortifie son cœur, et le verre d’eau tendu à celui qui a soif, le pauvre vêtu et le malade réconforté ainsi que le prisonnier visité : Tu as choisi d’y fixer ta présence et de sanctifier ces instants.
Pierres levées vers le Ciel, nos églises sont mémoires pour le Seigneur et manifestation pour nous que la terre est l’ouvrage de ses mains et que Lui seul est notre abri. C’est lui qui se bâtit une maison et pose la pierre angulaire, le rocher de fondation : Christ Jésus, ainsi que les pierres vivantes faisant pièces de tous les matériaux. Il choisit la moindre pierre et lui trouve sa place indispensable pour constituer cet assemblage unique et multicolore, la nation sainte, la race qu’il s’est dédicacée, l’Eglise dont la foi est la culture et la langue ; la charité, l’économie, les mœurs et les coutumes.
Jésus arrive ainsi au pied de l’arbre où Zachée, depuis Adam se tient caché. Il lève son regard vers Zachée dissimulé dans le feuillage ; Le Seigneur est au pied du serviteur et se tourne vers sa créature, c’est lui qui le prie, puisque Zachée n’ose plus lever son regard vers son Dieu. Jésus a levé les yeux vers lui et l’a retrouvé, ravi de joie et de tendresse comme l’ami qui retrouve un ami de longue date et s’invite à sa table pour fêter les retrouvailles.
« Zachée, descends vite, il faut que j’aille demeurer chez toi ! »
Jésus l’a retrouvé et a réveillé l’amour dans son cœur qui s’était endormi, inemployé parce que personne n’osait plus le solliciter ou qu’il en fût capable. Se pouvait-il donc que Dieu crût encore en lui, qu’il lui soit resté fidèle et que lui Zachée soit encore un lieu pour le Seigneur, consacré à son nom ?
Serait-il donc vrai que Dieu habite sur la terre ? Du cœur de l’homme, il fait son refuge et sa maison. La cellule de son cœur se pare alors des richesses du cœur de Dieu, de sa miséricorde et de sa bienveillance. Le logis de Zachée en est transformé désormais : « Le salut est arrivé aussi pour cette maison » qui devient Maison-Dieu ou selon cette belle dénomination : « Hôtel-Dieu », et c’est tout un programme de vie !
Il est lui-même devenu sanctuaire, lieu de rencontre et de communion dont le repentir et le partage sont les pierres d’ornements ; l’action de grâce et la reconnaissance, l’autel des sacrifices ; l’amour de communion, le Saint des Saints.