Messe du 6e dimanche du temps ordinaire

 

Abbé Michel Pillonel, à l’églie St-Jean, Vevey, le 13 février 2011
Lectures bibliques : Sirac 15, 15-20; 1 Corinthiens 2, 6-10; Matthieu 5, 17-37 – Année A

Chers frères et soeurs,

Connaissez-vous, le dernier film de Thierry Bizot qui vient de sortir ? Il est intitulé : « Qui a envie d’être aimé ? »  Thierry Bizot vous est certainement un inconnu, c’est un nouveau converti. Il raconte d’ailleurs les circonstances de sa conversion au christianisme, grâce à une réunion de parents de catéchèse pour son fils.

Il disait entre autre que, depuis cette découverte, il se sentait aimé par Jésus. Il ajoute même : ça règle pas mal de problèmes. Thierry Bizot dit encore : quand nous nous savons aimés par le Christ, nous ne sommes plus des orphelins. Les confidences de ce cinéaste ne rejoignent-elles pas les propos de Jésus de ce matin,  quand il nous parle de sagesse, d’intégrité et de sincérité envers soi-même.

Jésus nous invite donc à nous distancer de ceux qu’on appelle dans les Evangiles, les scribes et les pharisiens. Il nous presse de les surpasser, en évitant d’agir comme eux, c’est-à-dire, d’écouter les Ecritures, sans les vivre.

Nous avons sans cesse cette tentation de pratiquer notre religion un peu comme les pharisiens, avec un certain légalisme qui risque de nous faite tomber dans l’hypocrisie, en voulant surtout sauver les apparences. Quand on lit attentivement certains passages de l’évangile de saint Matthieu, on s’aperçoit très vite que le Christ n’est pas tendre avec eux. Il emploie même des termes qui peuvent nous choquer, quand il dit par exemple, qu’ils sont des « fils d’assassins ».

Ce matin, nous sommes donc appelés à vivre notre foi dans un esprit renouvelé, un peu comme les disciples du Christ qui étaient de fidèles observateurs de la loi mais qui l’appliquaient dans un esprit totalement neuf. Ce qui est dénoncé par Jésus, c’est quand on pratique une religion de façade, alors que ce qui est prioritaire c’est la conversion du cœur.

Thierry Bizot, notre cinéaste, l’a bien saisie cette exigence de sincérité et de vérité, lui qui regardait jusqu’alors les croyants avec suffisance et un peu de mépris. Et ce n’est que progressivement qu’il prend conscience, de sa faiblesse et de sa petitesse et il a fallu plusieurs rencontres d’Eglise avant cela. Il s’est senti associé à une énorme force paradoxale :  » être celui qui doute et être à la fois un enfant de Dieu, comme un petit bout de Dieu », pour reprendre sa belle expression. Cet homme disait encore, et c’est très important de l’entendre dire aujourd’hui : «la foi permet de bien vivre, d’être heureux, c’est comme quand on tombe amoureux ». 

Cela rejoint encore Jésus dans l’évangile, quand il nous invite à faire le choix de l’essentiel pour garder le bonheur et le partager aux autres. Que de fois nous les  prêtres nous avons entendu cette réflexion : « Vous savez, moi, je ne suis pas un pilier d’église, je ne fais de mal à personne, je ne tue personne, je m’occupe seulement de mes affaires. » Oui, mais attention, il y a mille manières de tuer quelqu’un, en paroles ou par des attitudes.

Bien sûr, c’est très bien de ne pas pécher, de ne pas faire de mauvaises actions, mais le Seigneur nous demande d’aller plus loin, beaucoup plus loin, à la manière d’un saint Vincent de Paul. Il faut oser donner un bon coup de balai dans son cœur, en se laissant conduire par les audaces de l’Esprit Saint, qui souffle là où il veut, là où on ne l’attend pas forcément.

Dans son film, Thierry Bizot encore l’exprime bien : « Tout témoignage est une histoire dans laquelle le fil est renoué avec Dieu. Personne ajoute-t-il, comprend que Dieu veut nous sauver. C’est vrai qu’un Dieu qui s’est fait homme, qui a été crucifié comme un « voleur de poules », c’est étrange. Et pourtant, l’amour de Dieu est là. »

Quand on sait cela, quand on a pu l’expérimenter dans sa vie, il n’est plus possible de se « cacher » derrière des règlements, à la manière des pharisiens, à condition bien sûr, de devenir des amoureux du Christ vivant.
Amen.

Lien : Thierry Bizot « Croire c’est être amoureux »

 

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