Messe du Baptême du Seigneur

 

Père Pierre Pochon, chapelle de l’Hôpital du Chablais, Monthey, le 9 janvier 2011
Lectures bibliques : Isaïe 42, 1-7; Actes 10, 34-38; Matthieu 3, 13-17 – Année A

Dimanche passé, nous avons fêté l’Epiphanie, la manifestation du Seigneur aux nations. Jésus était  âgé de quelques semaines. Aujourd’hui, à son baptême par Jean-Baptiste, il a une trentaine d’année !

  En acceptant en toute humilité le baptême de Jean-Baptiste, Jésus se montre solidaire des hommes, de leurs destinées plus ou moins heureuses. Jésus n’a pas péché mais il va être plongé dans le péché. Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a, pour nous, identifié au péché des hommes, afin que, grâce à lui, nous soyons identifiés à la justice de Dieu. (2 Cor 5,21)

C’est déjà le mystère pascal qui s’annonce. D’ailleurs, Jésus parlera d’un autre baptême qu’il doit recevoir, c’est celui de sa Passion-Résurrection. Ces deux baptêmes encadrent la vie de Jésus. Au Jourdain, Jésus se voit consacré par l’onction de l’Esprit-Saint, il se voit approuvé par le Père et reconnu comme Fils bien-aimé du Père. C’est pour lui un nouveau départ, une sorte d’ordination à être Messie-Serviteur pour proclamer la bonne nouvelle du salut et sauver tous les hommes. Mais cela va se réaliser pendant les trois années de son ministère jusqu’à ce deuxième baptême dans sa mort et sa résurrection. C’est là qu’il nous invite à le rejoindre: « allez, enseignez toutes les nations, baptisez-les… »

Le baptême du Christ nous rappelle ainsi le sens de notre propre baptême. Nous croyons que le baptême est  une nouvelle naissance, une nouvelle vie en Dieu. Mais renaître ne suffit pas, il faut vivre chaque jour ce baptême reçu. Le baptême, comme les autres sacrements, est un sacrement du moment présent, parce que je suis chrétien à chaque instant de ma vie.
Les chrétiens sont en contact incessant avec ceux qui ne croient pas ou qui croient autrement, c’est là qu’ils ont à vivre leur foi, à dire leur conviction, à rendre compte de l’Espérance qui est en eux. Aussi, un des signes visibles du témoignage des chrétiens vivant leur foi, est-il la présence de catéchumènes : ces personnes en formation voulant être baptisées car ils ont rencontré le Seigneur à travers des chrétiens qu’ils connaissent.
Cela, je l’ai vécu à Madagascar où j’ai baptisé beaucoup d’adultes et d’adolescents, permettez-moi un petit témoignage.

A ces nouveaux chrétiens, souvent je leur posais la question : « Qu’est-ce qui t’a amené à changer de religion ? » Et presque toujours, ils me répondaient :  » J’ai des copains qui sont sympas, je veux être comme eux ». Ou bien :  » Les chrétiens ne vivent pas dans la peur, leur Dieu ne fait pas peur : un Dieu d’amour, de paix, de justice, un Dieu qui est le « petit Jésus de la crèche »… il y a beaucoup de joie dans les assemblées chrétiennes ». Ces réactions nous indiquent que la plupart du temps, ce sont les autres, leur exemple de vie, les services rendus, les solidarités  qui ont conduit ces jeunes et ces adultes à foi.
A Madagascar, les prisonniers ont été marqués par des gestes fraternels simples : des visites, avec quelques journaux, des médicaments, des cigarettes ou des friandises et aussi quelques prières ensemble…des messes célébrées avec eux en prison.
Combien de marins avons-nous dépannés. Des marins qui avaient été débarqués injustement pour une maladie, un accident, ou une bagarre… Ils étaient étrangers, sans ressources… Nous les avons aidés : des soins, un téléphone, un peu d’argent, ou un peu de travail rémunéré, pour leur permettre de rentrer chez eux.
Les étudiants sont souvent pauvres. Nous avons participé à l’achat de livres, de fournitures scolaires pour les cours, aider leurs familles qui ne pouvaient payer les études, créer des liens, des entraides pour les études – des gestes concrets en plus des célébrations religieuses.
Les hôpitaux de campagne à Madagascar ne sont pas équipés comme ici : il faut apporter son matelas, la moustiquaire, les repas, les médicaments. Il faut souvent acheter le pharmacien pour avoir des remèdes, ou l’infirmier pour être soigné… Aider mais aussi dénoncer la corruption, ou le chantage à la maladie. Je pourrais parler du monde agricole,  des ouvriers, des fonctionnaires dans l’administration, de l’armée…

C’est en ce sens-là que j’ai voulu vivre mon baptême en Eglise avec les sœurs et les  chrétiens dont j’étais le curé. La bonne nouvelle doit se vivre partout et à chaque instant dans notre vie, c’est cela notre vocation de baptisés.
Oui, Dieu est invisible mais le prochain, en qui Dieu habite, est à côté de nous en chair et en os !
Aujourd’hui encore, le Père redit à chacun(e) d’entre nous: « tu es mon Fils bien-aimé, en toi j’ai mis tout mon amour. » Mais cet amour nous invitera  à devenir toujours davantage des fils-filles bien-aimés du Père.

 

 

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