Messe du 6ème dimanche du temps ordinaire

 

Chanoine Jean-Paul Amoos, abbaye de Saint-Maurice, le 14 février 2010
Lectures bibliques :
Jérémie 17, 5-8; 1 Corinthiens 15, 12-20; Luc 6, 17-26 – Année C

 

Mes frères, mes sœurs, chers auditeurs,

L’Evangile de ce jour nous propose : quatre béatitudes et quatre mises en garde.
Pour notre réflexion j’ai choisi la quatrième béatitude dans laquelle Jésus nous dit :
«Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous repoussent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable à cause du Fils de l’homme. Ce jour-là, soyez heureux et sautez de joie, car votre récompense est grande dans le ciel» !

Cette béatitude est en même temps source d’étonnement et, pourquoi ne pas le reconnaître, aussi source de perplexité.
Comment conjuguer mépris et joie ?
À quoi sert-il donc d’écouter l’Evangile et d’essayer d’y conformer sa vie, si c’est finalement pour être insulté et méprisé ?
Comment sauter de joie lorsqu’on vit des situations de haine et de mépris ?
Comment comprendre pourquoi, dans ce monde, les chrétiens devraient-ils être insultés, persécutés et méprisés, eux que Jésus invite à l’humilité, à la douceur, à la miséricorde et à la paix ?
Des éléments de réponses à ces questions nous les découvrons dans les mots mêmes de Jésus qui dit que le bonheur réside dans ce qui est vécu « à cause du Fils de l’homme ».
Des éléments de réponses à ces questions nous les découvrons sur le chemin parcouru par Jésus lui-même disant à ses disciples : «montons à Jérusalem… car c’est là que le Fils de l’homme sera livré aux païens. On se moquera de Lui, on l’outragera, on crachera sur Lui et, après l’avoir battu de verges, on le fera mourir…»
Jésus s’est incarné pour le salut du monde.
Depuis le péché des origines, entre Dieu et le monde, entre les chrétiens et le monde, il y a et il y aura jusqu’à la fin des temps un état de tension. Jésus l’a exprimé le soir de son dernier repas lorsqu’il priait le Père en disant : «Ils sont dans le monde, mais ils ne sont pas du monde».
Et pour que cesse cet insupportable état de tension entre Lui et les hommes de son temps, on l’a crucifié pour le faire taire. Et c’est à cause de cela que le Christ a parlé à ses disciples du mépris, de la haine et des persécutions qu’ils allaient rencontrer dans le monde, dans la mesure même où ils tenteraient de mettre en pratique l’Evangile.

Les chrétiens se doivent d’être présents dans le monde, mais non en empruntant au monde ses formes de présence, c’est-à-dire le prestige et la contrainte. Mais leur présence dans le monde doit toujours être porteuse d’attitudes et de paroles prophétiques. Evidemment, cette présence au monde ne va pas sans risque.
Le risque est de rencontrer l’insulte, la médisance et même parfois, la persécution.
Si le Seigneur réclame à Ses disciples d’accepter les insultes, la moquerie et même la persécution. Il le réclame non pas à des hommes sûrs de leurs forces, mais à des hommes pauvres et faibles.
Lors des Journées mondiales de la jeunesse à Rome, en l’an 2000, Jean Paul II disait aux jeunes : « Chers amis, aujourd’hui encore, croire en Jésus, suivre Jésus exige de prendre position pour lui. En disant oui au Christ, vous dites « oui » à chacun de vos plus nobles idéaux. N’ayez pas peur de vous en remettre à lui. Il vous guidera, il vous donnera la force de le suivre chaque jour en toute situation ».

Et c’est dans cette grâce qui nous est offerte de vivre et de combattre avec le Christ que nous pouvons maintenant ouvrir le deuxième volet de cette quatrième béatitude dans laquelle Jésus nous dit :
«Ce jour-là, soyez heureux et sautez de joie, car votre récompense est grande dans le ciel» !
Il peut sembler gênant d’entendre nous dire cela. Que le Christ nous ait dit : «Ne soyez pas accablés» ou  «Ne vous découragez pas» ou  «Ne vous laissez pas envahir par la tristesse»… passe encore. Mais, déclarer : «Réjouissez-vous. Soyez dans l’allégresse…» est-ce que ce n’est pas là une exagération embarrassante ? Voire, provocante !

Evidemment, oui…, si nous avions à supporter ces combats tout seuls ! Mais lorsque nous croyons que le Christ est avec nous; qu’Il ne nous entraîne dans aucun chemin sans nous y précéder; que chacun de nos combats pour la foi, Il les a connus avant nous.  Quelle joie de se savoir précédé, accompagné, soutenu par Lui.
«Vous aurez à souffrir dans le monde. Mais soyez courageux, car j’ai vaincu le monde».
Oui, soyez joyeux de ma victoire.

C’est cette joie que connurent les apôtres, lorsque, après avoir été battus de verges, ils quittèrent le Sanhédrin et se retirèrent heureux d’avoir été jugés dignes de «subir des outrages pour le nom de Jésus».

C’est cette joie que connurent Paul et Silas, lorsque, dans la prison de Philippes, ils se mirent, au milieu de la nuit, à chanter des cantiques de louanges.

C’est cette joie que nous pouvons connaître, frères et soeurs, lorsque nous réalisons  que dans le Christ mort et ressuscité nous sommes libérés et que nous pouvons vivre à nouveau de l’amour et dans l’amour de Dieu.

Oui, ceux qui sont persécutés parce qu’ils font ce que Dieu demande, une grande récompense les attend dans le Royaume – mais dès ici-bas, ils sont heureux parce qu’ils communient à la vie de Jésus offerte pour la gloire du Père et le salut du monde.
Amen

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