Abbé Martial Python, à l’église St-Pierre, Yverdon-les-Bains, le 15 mars 2009 Lectures bibliques : Exode 20, 1-17; 1 Corinthiens 1, 22-25; Jean 2, 13-25 – Année B |
Pour un Dieu intérieur à nous-mêmes et qui nous ouvre à l’autre
Nous pourrions nous demander quelle réaction Jésus aurait aujourd’hui en visitant nos églises; s’en prendrait-il aux quelques marchands de souvenirs et de cierges dans les lieux religieux-touristiques qui pourraient laisser croire que le commerce est lié à la religion ? Mais dans l’Évangile de ce jour il est avant tout question du Temple et du sens du culte.
« Détruisez ce Temple et je le reconstruirai en trois jours », rappelant par là que le vrai Temple, c’est son corps détruit par les hommes mais reconstruit en trois jours. Pour dire que le Temple nouveau, ce sera Jésus Ressuscité. La véritable rencontre de l’homme avec Dieu qui se fera en Lui par la voie de l’amour-charité plutôt que par les sacrifices. Mais voilà, le Temple est l’une des merveilles du monde, on le pensait figé pour l’éternité. |
Pour Jésus la vie n’est pas dans les pierres. Autrement dit, Dieu n’est le Dieu des églises et des cathédrales que si, à l’intérieur, des vivants se rassemblent. C’est-à-dire des hommes d’adoration, des affamés d’amour, de justice et de paix.
C’est pourquoi ne crions pas la fin de la foi quand les vieilles structures et les édifices qui vont avec, et qui se voulaient rassurantes, sont détruites : le grégorien, le latin, la soutane, une certaine manière de vivre sa foi, la pratique religieuse en ayant constamment des prêtres sous la main, tout cela nous faisaient penser que Dieu était là. Oui il était là, mais certainement pas dans les formes, les formules et les pierres. Mais il est d’abord comme il l’a toujours été : en l’homme.
Jésus refuse que Dieu soit assigné à résidence entre quatre murs, hors du monde, hors de la vie, comme s’il avait été domestiqué par les hommes pour être à leur service, pour être sûr de le rencontrer comme en l’ayant sous la main. Dieu est dans la vie, et le récit du décalogue le démontre. Il ne veut pas de demi-mesure, soit que l’on soit tout à lui en rejetant toute forme d’idolâtrie et qu’on en vive, en tenant toujours compte de l’autre au travers duquel il y respire. Et nous le savons, dans les dix paroles, nous trouvons les origines de toute la constitution des droits de l’homme et aussi des devoirs privés et publics.
Pour dire que Dieu n’est pas dans les pierres mais dans la vie, et c’est toute la création, toute la vie des hommes qui doit être ouverte à l’expérience de Dieu.
Et en ce sens, il est un homme qui avait admirablement compris cela, saint François d’Assise. Il l’a exprimé à la fois dans son cantique des créatures et dans la prière qui lui est attribuée : « Seigneur, foyer d’amour, faites-nous brûler de charité ». Pour lui, tout ce qui a vraiment à voir avec Dieu doit être aussi gratuit que l’air et l’éclat du soleil. En se situant au cœur de la création dont il en avait un infini respect, il s’est mis à chanter Dieu avec elle, avec son cœur tout disposé à s’ouvrir, tel une fleur au soleil pour y recevoir éclat, parfum et beauté. Pour Frère François, rien de ce qui est religieux ne coûte quelque chose, et l’accès à Dieu, aux autres et à soi-même est toujours de l’ordre de l’immédiateté.
Ce contact immédiat avec Dieu est important car seules comptent notre adoration et la présence. De là, il ne faut pas nous contenter des pratiques extérieures qui pourraient nous satisfaire, mais il faut voir l’état de notre maison intérieure, là où le Dieu Vivant et Saint veut demeurer. Car comme le dit saint Paul (1 Co 3,16), nous sommes le Temple de Dieu. C’est cette vérité avec nous-mêmes, avec Dieu, avec les autres, avec toute la création dans laquelle il y respire, que nous sommes invités à approfondir en ce temps de Carême, et c’est une belle aventure.
Amen