| Abbé André Duruz, église des Cordeliers, Fribourg, le 2 septembre 2007 Lectures bibliques : Siracide 3, 17-29; Hébreux 12, 18-24; Luc 14, 1-14 – Année C |
« L’idéal du sage, c’est une oreille qui écoute. »
nous rappelait Ben Sirac dans la première lecture.
Alors, frères et sœurs qui êtes dans cette église ce matin, vous auditeurs du programme d’Espace 2, vous, qui en ce week-end, participez aux Schubertiades, vous êtes des sages, puisque vous écoutez.
J’allais dire : « peut-être » ; car, il ne suffit pas d’entendre avec ses oreilles pour devenir un sage. Quand le sage écoute, il le fait non seulement avec son oreille, mais avec toute sa personne, avec son cœur. Il se laisse transformer par la parole ou la musique qu’il entend. Les beaux chants de cette messe vont nous aider, je le souhaite, à écouter la parole de Jésus dans l’Evangile pour qu’elle habite nos vies.
« Quand tu es invité, va te mettre à la dernière place ».
Mais, Seigneur, tu n’y comprends rien. Tu sais comme il est important d’avoir une bonne place. Depuis notre enfance, on nous le répète sans cesse. Travaille, applique-toi, si tu veux avoir un métier où tu gagneras bien ta vie. Et quand je suis au chômage et que j’ai perdu ma place, je suis tout malheureux. Quand je n’ai pas une bonne place sur cette terre, j’ai l’impression de ne pas exister.
Tu n’as pas bien écouté, – me dit le Seigneur -. Mon Evangile n’est pas un traité de bienséance ou d’éducation. Aujourd’hui, je raconte une parabole. Je saisis les circonstances de la vie – ici une invitation aux noces – pour te parler de tes relations avec Dieu et de ta manière de vivre avec tes frères et sœurs en humanité.
Vous le savez, mes amis, Dieu est le plus grand amoureux de tous les temps. Il veut épouser l’humanité pour qu’elle vive en alliance avec Lui et que cette alliance construise un monde fraternel. Les noces humaines parlent à Jésus des noces de Dieu son Père avec les humains. Or pour faire réussir ces noces, voici que Jésus, le Fils de Dieu, n’a pas revendiqué son droit d’être traité à l’égal de Dieu ; mais au contraire,il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur…obéissant jusqu’à mourir sur une croix (Phil 2,6-8). Là, il a pris la dernière place, la place du juste condamné, la place du serviteur aimant. Alors le Père est venu le chercher au tombeau – mon ami monte plus haut – et dans la résurrection, il lui a donné la place qui est la sienne. Lui qui s’est abaissé, il a été élevé. Cette parabole nous fait donc admirer d’abord l’immense amour de Dieu pour chacun de nous. Dieu est tout puissant en humilité pour nous rejoindre.
Disciples de Jésus, nous sommes, bien sûr, invités à imiter notre maître dans toutes les places qui sont les nôtres. Que je sois conseiller d’Etat, ou simple citoyen, directeur d’entreprise, ouvrier ou employé de commerce, que je sois parents ou enfants, curé ou paroissiens, j’ai à vivre ma place ou mes places, comme un serviteur, une servante du bien commun et des autres. Et nous le savons d’expérience, ce service dans l’amour qui conduit au don de soi, n’est pas facile. Parfois même, nous sommes déçus par l’ingratitude. Et nous risquons d’abandonner. Ah ! si c’est ainsi que je suis récompensé…
Alors, il y a cette 2ème parabole de l’Evangile d’aujourd’hui pour nous encourager à continuer d’aimer à la manière de Jésus, gratuitement. Quand tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles ; et tu seras heureux, car ils n’ont rien à te rendre. Tel est l’amour de notre Dieu : Il invite gratuitement à sa table et là, il nous donne un cœur capable d’aimer comme lui-même sait aimer.
Frères et sœurs, l’eucharistie que nous partageons n’est-elle pas ce repas des noces où, avec Jésus, nous prenons la place du serviteur : par lui, avec lui en et lui… Et nos cœurs ressuscitent pour que nous vivions dans le quotidien comme les enfants du Dieu, qui a pris la dernière place.
Amen.