Abbé Jacques Le Moual, à l’église St-Jean et St-Paul, Cerniat, FR, le 2 novembre 2003. Lectures bibliques : Romains 8, 18-23; Luc 24, 13-32 |
Bien chers frères et sœurs dans le Christ,
N’avez-vous jamais eu de grands moments de découragement ? Quand on a investi dans un projet, dans une amitié, et que tout à coup le projet s’effondre. Si celui que notre cœur aime disparaît, rien ne va plus. On broie du noir, on désespère. Dans ces moments là, il est impossible de voir ce qui se passe autour de soi. On est aveuglé par son épreuve.
Souvent aussi devant la mort de l’un des nôtres, il nous arrive de rester là comme atterrés : il semble que tout s’écroule sous nos pas. Ainsi les disciples d’Emmaüs devant la mort du Christ. Il leur manquait la foi. Ne nous manquerait-elle pas aussi ?
Ils avaient mis tous leurs espoirs dans ce Messie Jésus qui leur apparaissait puissant en paroles et en actes. Or voici qu’il a été arrêté, jugé et condamné à mort. Leur espérance, elle aussi est morte. Leurs espoirs s’étaient écroulés d’un seul coup. Leur vie venait de perdre son sens. Ils étaient complètement désillusionnés.
C’est précisément à ce moment où ils sont désespérés, au creux de la vague et tout tristes que Jésus se rend présent à eux. Il prend l’initiative de s’approcher. Il marche avec eux. Il les écoute, mais eux ne le reconnaissent pas.
Sur les routes de la vie semées d’obstacles et d’épreuves de toutes sortes, nous restons souvent désemparés. Mais le Christ est là qui chemine à nos côtés pour nous éclairer et nous soutenir. Savons-nous assez le reconnaître ?
Comme nos frères incroyants nous sommes tout autant affrontés au mystère, au scandale de la mort plus particulièrement aujourd’hui puisque nous célébrons la commémoration des fidèles défunts. Pour nous chrétiens, nous en trouvons le sens lumineux et consolant, bien au-delà de nos souhaits les plus audacieux, dans la parole du Christ, notre maître.
Ainsi la commémoration des défunts, bien chers auditeurs, ne saurait être pour nous jour de tristesse ni de sombre désespérance, mais un jour d’espérance, un jour de prière, un jour de joie.
Jour d’espérance : la mort n’est pas un terme, elle est un passage, elle ne sépare pas. Elle réunit auprès de Dieu et en Dieu ceux qui se sont endormis dans la foi. C’est que le Christ par sa propre résurrection a fait jaillir la vie de la mort : Je suis a-t-il dit la résurrection et la vie Celui qui croit en moi-même s’il meurt vivra.
Jour d’espérance, mais aussi jour de prière. La prière nous permet de retrouver nos chers disparus, de raviver leur souvenir et la douceur de leur affection, elle nous permet d’intervenir en leur faveur auprès de Dieu, au cas où ils ne seraient pas encore admis au partage de son bonheur.
Jour d’espérance, et de prière, mais aussi jour de joie. Certes le cœur se serre et les larmes coulent quand nous évoquons le souvenir de ceux qui nous ont quittés. Mais ces regrets et ces larmes ne doivent pas nous empêcher d’éprouver dans l’intime du cœur une joie très douce. Celle qu’éveille la pensée, la certitude même que dans quelque temps nous leur serons réunis à tout jamais dans l’éternelle communion de Dieu.
Mais l’existence de l’au-delà demeure évidemment un mystère. Plutôt que de se livrer à toutes sortes de raisonnement qui ne tiendraient pas suffisamment compte de la révélation, il est mieux, bien chers auditeurs, d’accepter ce mystère tel que l’église dans sa doctrine et dans son culte nous le fait connaître.
En priant aujourd’hui pour les défunts, l’église nous rappelle que ceux qui nous ont quittés ont besoin de notre intercession auprès de Dieu et de la Très Sainte Vierge Marie et que nous puissions les aider à parvenir au bonheur céleste.
Prier pour les défunts est de notre devoir. C’est l’affirmation d’une charité qui se veut et qui se sait plus forte que la mort. Rappelons-nous qu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.
Amen.