Abbé Bernard Schubiger, à l’église de Châtel-St-Denis, FR, le 21 avril 2002 Lectures bibliques : Actes des Apôtres 2, 14, 36-41; 1 Pierre 2, 20-25; Jean 10, 1-10 |
Frères et sœurs, dans le contexte de crise actuelle des vocations sacerdotales, Jésus ne nous présente pas un bon berger lisse et doucereux à la manière des santons de Provence, mais au contraire un berger qui doit faire face aux bandits et aux voleurs.
En cette journée des vocations, j’aimerais développer avec vous 4 aspects de l’Evangile d’aujourd’hui :
– Les brebis écoutent la voix du berger, c’est l’apprentissage indispensable de l’intériorité.
– Le bon berger appelle chacune des brebis par son nom, c’est la rencontre bouleversante et unique avec un Dieu d’amour personnel et incarné : Jésus-Christ
– Le bon berger est l’unique porte en forme de croix
– Enfin Jésus le bon berger est venu pour que les hommes aient la vie en abondance, un appel à la sainteté.
Dans une conférence aux prêtres valaisans, Mgr Kurt Koch, encourageait les prêtres à moins prêcher sur la Parole de Dieu, et à plus témoigner de l’action de cette Parole dans notre vie. Ainsi en ce dimanche des vocations, je témoignerai aussi de ma propre vocation, à travers quelques flashs personnels.
« Les brebis écoutent sa voix » apprentissage de l’intériorité
Dans mon enfance avec mon frère jumeau, nous avions reçu de notre grand-mère les objets en miniature pour jouer à la messe. Nous aimions fermer les volets et dans la pénombre à la lueur des bougies, rester en silence et refaire les gestes vu le dimanche à la messe. Mais au-delà de ce jeu c’était pour moi l’initiation à l’intériorité, découvrir dans le silence, la voix d’une présence. Découvrir dans mon cœur cette présence de Jésus qui me parle au-delà des mots et des objets et me fait découvrir sa présence et son amour.
Certainement aujourd’hui, nous faisons mieux découvrir cette intériorité et cette présence de Jésus, en proposant aux enfants l’adoration. S’exposer au rayon de Jésus eucharistie dans le saint sacrement, pour se laisser bronzer par son amour et sa présence. Un chemin plein de la spontanéité et de la simplicité des enfants, pour écouter la voix du bon berger dans nos cœurs.
« il les appelle chacune par son nom. » une rencontre et un appel personnel.
Jésus nous appelle chacun personnellement. Pour ma part à 23 ans lors d’une session du Renouveau à Paray-le-Monial, j’ai découvert l’amour personnel de Dieu pour moi. Non plus seulement Dieu est amour, mais Dieu qui m’aime personnellement tel que je suis, avec tout ce que je suis. Une découverte et une catéchèse expérimentée dans l’adoration nocturne. Une expérience difficile à traduire avec des mots mais que je pourrais résumer par la paroles de Dieu au prophète Jérémie ( Jr 1,5) : « avant même de te former au ventre maternel je t’ai connu, je t’ai aimé. »
Dans la vidéo réalisée par les séminaristes de notre diocèse, les témoignages font ressortir la diversité des appels. Jésus nous rejoint chacun dans ce que nous sommes, pour nous parler au cœur et nous appeler d’une manière unique et personnelle.
Le bon berger est la porte en forme de croix
En cette journée des vocations nous ne pouvons oublier le manque de prêtre. Mais ce manque de prêtre n’est-il pas bien souvent le signe visible du manque de communauté vivante et engagée ? Chaque baptisé a une vocation unique dans son engagement et son témoignage dans la société d’aujourd’hui.
La crise actuelle est le signe de la difficulté des hommes d’aujourd’hui à reconnaître Jésus comme l’unique porte, tel qu’il se présente dans l’Evangile d’aujourd’hui. Dans notre société occidentale matérialiste et consumériste ou l’avenir est dans l’immédiat il n’y a souvent plus de place pour une porte sur l’éternité et la nécessité du salut en Jésus-Christ est réduite néant ou sujet d’une indifférence.
Plus que jamais le ministère du prêtre est là pour rappeler à tous et chacun cette unique porte : Jésus le bon berger qui apporte la vie en abondance. Comme nous le dit Jésus dans l’Evangile :
Le bon berger est « venu pour que les hommes aient la vie en abondance »
Cette vie en abondance est la vie même de Dieu, sa sainteté, que le prêtre rend présent à chaque eucharistie.
Dans le message de Jean-Paul II pour cette journée des vocations intitulé « la vocation à la sainteté », le pape souligne que « ce serait un contresens de se contenter d’une vie médiocre, vécue sous le signe d’une éthique minimaliste et d’une religiosité superficielle », il nous rappelle que chaque vocation dans l’Eglise est au service de la sainteté., « dans l’écoute de la Parole de Dieu, dans la prière, la participation assidue aux sacrements et la recherche constante du visage du Christ dans chaque frère. » « la sainteté est intimité avec Dieu, elle est imitation du Christ pauvre, chaste et humble. »
Alors prions ensemble pour de saintes vocations de prêtres, de religieux et de religieuses. Mais prions aussi pour que chacun nous devenions toujours plus saint, rempli de la vie en abondance de l’amour et de la présence de Jésus, l’unique bon berger. Amen. Alléluia.