Messe de la fête de l’Assomption

 

Mgr André-M. Léonard, évêque de Namur, sanctuaire de Beauraing, Belgique, le 15 août 2007
Lectures bibliques : Apocalypse 11, 19 et 12, 1-10; 1 Corinthiens 15, 20-27; Luc 1, 39-56 – Année C

C’est une vivante qu’a contemplée le voyant de l’Apocalypse. Qui est donc cette femme qu’il a vue dans le ciel ? C’est d’abord Sion, la mère du Messie, le peuple de la Première Alliance. Mais c’est aussi l’Église, le peuple de la Nouvelle Alliance, appelé à mettre le Christ au monde à travers l’histoire. Et c’est enfin Marie, elle qui résume en sa personne toute la réalité de l’Église, toute sa vocation. Mais de toute façon, c’est une vivante. Drapée de soleil et de gloire, la lune, c’est-à-dire le cosmos, sous ses pieds et couronnée de ces douze étoiles qui ont émigré sur le drapeau de notre Europe, façonnée, pour une large part, il est vrai, par le Christ et son Église. Et aujourd’hui encore, c’est une vivante qui chante dans le ciel le « Magnificat » qu’elle a jadis entonné sur la terre.

Marie est souvent apparue à notre époque. Chaque fois, ces apparitions nous la révèlent comme une personne vivante aujourd’hui. Les cinq voyants de Beauraing ont rencontré une femme vivante, qui leur a souri, leur a fait signe, leur a parlé, leur a ouvert les bras, leur a montré son cœur d’or tout brûlant d’amour et de miséricorde.

Elle leur a dit peu de choses, rien que l’essentiel : « Je suis la Vierge Immaculée, la Mère de Dieu, la Reine des Cieux ». Elle les a, elle nous a invités à la prière : « Priez. Priez beaucoup. Priez toujours ! » Elle a confirmé par une affirmation extraordinaire ce que son cœur d’or manifestait sans paroles. Une affirmation péremptoire et pleine d’espérance : « Je convertirai les pécheurs ! ». Elle nous a révélé en même temps l’exigence radicale liée à cette conversion : « Aimez-vous mon Fils ? M’aimez-vous ? Alors, sacrifiez-vous pour moi. » Ou, en d’autres termes : « consacrez-moi votre vie, consacrez-la à l’Église de mon Fils, consacrez-la à Jésus ».

Marie est maintenant dans la gloire de son Assomption, elle est déjà pleinement associée, en son âme et son corps, à la vie nouvelle de Jésus ressuscité. Mais elle reste associée à tous nos combats sur cette terre. Elle est dans la gloire, mais aussi dans les douleurs de l’enfantement. L’enfantement de Jésus dans le cœur des hommes de ce temps. Notre enfantement. Elle est dans la gloire, mais le dragon satanique est toujours là pour s’emparer du fruit de la femme. Car, comme dit Jésus, Satan est menteur et homicide dès l’origine. Il n’a pas d’autre projet que de faire mourir l’homme. Il a, pour cela, de nombreuses armes : les injustices sociales qui écrasent l’être humain et le tuent, la famine qui ravage une partie de l’humanité tandis que l’autre se suicide dans la grande bouffe et l’obésité, le travail forcé des enfants, le saccage de notre planète polluée, le marché colossal de la drogue, de la pornographie, de l’exploitation sexuelle, la violence aveugle de la guerre et du terrorisme, la banalisation de l’avortement avec ses dizaines de millions de victimes annuelles, la destruction légale du couple humain et de la famille, l’euthanasie qui supprime le malade au lieu de l’accompagner dans la dignité, la moquerie et la dérision qui tuent la foi dans le cœur des enfants et des jeunes.

Mais depuis que l’enfant de la Femme, le Christ ressuscité, a été enlevé auprès de Dieu et de son trône, la victoire est assurée. Bien sûr, la Femme, l’Église, symbolisée par Marie, vit aujourd’hui, encore et toujours, au désert où Dieu, cependant, lui a préparé une place et réservé une mission. Elle sait que les puissances de mort n’auront pas le dernier mot. Et nous le pressentons à travers les multiples efforts qui, heureusement, cherchent à honorer la dignité humaine, à sauvegarder la création, à nourrir le cœur humain de ce qui est vrai, bon et beau. Car il y a, dans notre monde déjà sauvé par le Christ, une culture de la vie qui fleurit en même temps que la culture de la mort étend ses tentacules. Le bon grain se mêle toujours à l’ivraie. Et l’espérance est au rendez-vous à travers tout.

Paul nous l’a rappelé : le Christ est ressuscité d’entre les morts en premier. Mais, en lui, tous sont appelés à revivre. C’est déjà pleinement le cas pour Marie et nous l’en félicitons aujourd’hui, elle, la fierté de toutes les femmes qui portent son nom et que nous fêtons aujourd’hui.
Avec Marie glorifiée, Jésus nous crie aujourd’hui solennellement : « Là où nous sommes, vous serez, vous aussi, bientôt avec nous. N’ayez pas peur ! Sur la terre, la mort semble toujours avoir le dernier mot. Mais la mort est et sera détruite. Vous n’avez pas été créés pour la mort, mais pour la vie. Vous n’avez pas été faits à l’image de Dieu pour simplement pourrir en terre ou être dispersés en cendres sur une pelouse. Vous êtes faits pour la gloire. Mettez votre main droite dans la main glorieuse et fraternelle du Christ, et votre main gauche dans la main rassurante et maternelle de Marie, et vous traverserez même la mort, et vous gagnerez les prairies verdoyantes de la vie qui ne finit pas. Ne craignez rien ! Engagez-vous dans le temps présent avec une ferme espérance. Nous sommes avec vous jusqu’à la fin du monde. Convertissez-vous seulement, car le Royaume de Dieu est tout proche. Oui, c’est l’heure, car je viens bientôt. Amen ! Alléluia ! »

 

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